l'orage
Aujourd'hui dans mon sac il y a...
Ca commence en général par un ciel trop bleu. L'air est lourd , la terre est chaude et on sent bien que ça ne durera pas : le parfum des fleurs , le temps immobile , les bras nus , le soleil brûlant , les fenêtres ouvertes et la moiteur ambiante .Lentement sur l'horizon monte une ligne trouble, puis une brise lègère , des ombres de nuages .Souvent, quelqu'un dit "il va y avoir de l'orage" et chacun regarde le ciel . Puis vient le premier grondement, on guette le suivant, on n'est pas certain d'avoir bien entendu, on a peut-être confondu. Brusquement un eclair et avec lui les premières gouttes, lourdes, bruyantes, denses . Alors vite on ferme les fenetres, on rentre du jardin, on ramasse le livre laissé sur les marches , on appelle les enfants. L'averse se déchaine, le ciel gris ardoise frôle les branches les plus basses, roule sur lui-même , craque, explose cent fois et une encore. on choisit l'endroit de la maison juste sous le toit pour mieux entendre la pluie, pour ne pas en perdre un instant , pour la regarder se deverser à flot sur le jardin, faire des rigoles jusqu'à la rue, courber les bambous et les pivoines . On sait que ça ne durera pas. Que ça repartira comme c'était venu , laissant sur le jardin un parfum de pluie, de terre mouillée, , des reflets luisants , des gouttes au vert des feuilles et que ça se terminera dans un triste rayon de soleil..
Et parfois , c'est la nuit. Le toit d'un coup crépite sous l'averse, par les volets entrouverts dans la chambre eteinte des eclats de jardin blanc sous les eclairs, une petite folie , des frissons , de la poésie, des souvenirs d'enfant le nez collé à la fenêtre . Car à l'epoque déjà, j'adorais l'orage.
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