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dansmonsacdefille
15 mai 2008

Aujourd'hui dans mon sac il y a.... " Elle

Aujourd'hui dans mon sac il y a....

" Elle avait fait de cet endroit son bout du monde, du moins c'était ainsi que je la voyais.La langue qu'on y parlait n'était pas celle de son enfance, les contours de la ville n'étaient pas semblables à ceux des villes qu'elles avaient autrefois connues,le soleil y semblait plus proche de la terre et un ocean mêlé de vert et de bleu prolongeait cette grâce à l'infini.Pourtant elle n'y était que de passage, du moins, c'était l'impression qu'elle me donnait.

La première semaine,elle et son fils s'étaient installés dans cet hôtel du centre ville dont le slourdes persiennes fermées les protégeaient de la chaleur moite d ejuillet et les isolaient du bruit de la rue. Ils se senatient , dans ce mobilier imposant et presque exotique, un peu à l'ecart du monde et même de leurs propres vies. De temps à autre, une légère brise faisait ondoyer les voilages et leur apportait un peu d'air frais, ils fermaient alors les yeux et ne pensaient plus à rien qu'à cette fraîcheur sur leurs paupières clauses.pour le dejeuner ils descendaient dans la vaste salle à manger où ils contemplaient avec gravité, peint sur le mur, le vol arrêté d'oiseaux multicolores.C'est là que  je les aperçus pour la première fois , tout en servant les clients de la table voisine et en faisant mille invisibles efforts pour  détacher mon regard de leurs silhouettes.Mon amie Laura, qui faisait leur chambre chaque matin , m' apprit juste après le dessert qu'une large carte du monde et d'autres plus petites et plus détaillées étaient toujours ouvertes, étalées sur la moquette.Elle prenait, me dit-elle, toujours grand soin de les remettre à leur place exacte une fois la chambre faite.Elle ajouta que chaque soir ils se rendaient à la gare d'où ils revenaient toujours seuls et que cette mysterieuse jeune  femme brune s'appelait Irène.

Les jours suivants et presque malgré moi je me surpris à les observer. Irène portait toujours son foulard, la plupart du temps noué sous le menton.Elle enlevait rarement ses lunettes de soleil mais les relevait en serre-tête lorsqu'ils entraient dans un café où ils commandaient des boissons colorées .Ils restaient longtemps presque sans parler, perdus dans le brouhaha général, isolés en eux-mêmes, comme spectateurs d'une fête à laquelle ils ne participaient pas.En les observant avec attention on devinait que quelque chose pesait sur eux qui leur ôtait toute insouciance, une inquiètude sourde qui se mariait mal à cette ville noyée de soleil.Parfois, à l'heure de midi, ils se rendaient au bord du fleuve qui les retenait,silencieux et émus, de longues minutes sous le jour.

Le soir, en rentrant à l'hôtel Irène demandait si une lettre était arrivée pour elle, ou un appel telephonique mais la réponse était invariablement négative, une ombre passait alors imperceptiblement sur son visage tandis qu'elle remerciait le receptioniste d'une voix feutrée, et se dirigeait alors vers l'escalier en denouant son foulard d'un geste lent.Le plus souvent l'enfant la precedait en faisant tinter lers clés mais il lui arrivait aussi de la suivre, un peu triste. Dans l'escalier,parvenu à sa hauteur, il prenait sa main dans la sienne.Ils dînaient dans leur chambre sur la lourde table noire ou trainaient toujours des dessins que le petit garçon faisait en attendant la nuit.Sur de larges feuilles blanches, au moyen de crayon de couleurs qui devenaient pour lui les fleurs respirées dans la journée,le vert d'un arbre dont il avait cherché l'ombre, le bleu d'un mur, la fraîcheur d'une fontaine , les cheveux de sa mère dont il faisait des portraits.Pour rendre la couleur de ses yeux il utilisait deux crayons dont il mêlait les teintes verte et grise et la nuit tombait sur leur secret.

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Commentaires
L
Beau texte, j'ai bien aimé l'atmosphère... j'attends la suite ! Il y en a qui ont de la chance de pouvoir suivre la grève... moi j'ai collé mon Paulo à l'école en disant à la maîtresse, qu'il fallait qu'elle me le prenne, sinon je le laissait devant l'école, car j'étais obligée d'aller bosser... J'aurais préféré garder mon chouchou à la maison et vous écrire !!!
L
et la nuit tombait sur leur secret..à la fois poétique et intrigant, on attend la suite !
S
Bonsoir Bel Gazou ...<br /> <br /> J'ai beaucoup aimé me laisser porter par tes mots qui se suivent agréablement, comme un collier de perles bien à toi, avec ton vocabulaire, cette atmosphère que tu nous livres, vivante, particulière, et l'observation juste des sentiments ...j'attends la suite !<br /> <br /> Bisous et j'ai vidé mon sac aussi !<br /> belle nuit<br /> Servanne
B
Antigone: vacances alors??? merci pour tout ça qui compte pour moi...<br /> <br /> Alice: alors toi non plus tu ne bosses pas? non mais!!! merci quand même...à suivre...<br /> <br /> La pyrénéenne :oui oui, il y a une suite! merci pour tes encouragements...<br /> <br /> Isa: dans l'attente de quelque chose qui n'arrive pas, c'est tout à fait ça....merci pour ce que tu me dis là car je te sais sans complaisance forcée ,et si c'est en deux parties ne m'en veux pas, tu sais pourquoi! je ne connais pas le titre dont tu parles, je vais me renseigner.....bonne nuit si tu passes par là..<br /> <br /> <br /> Anne: c'ets vrai que els gares , les trains, les chambres d'hôtel sont des lieux romanesques ...
A
Il est des lieux que j'aime retrouver dans un texte, en particulier un train, une terrasse de café ou une chambre d'hôtel.<br /> Avec cette chambre, tu donnes ici une atmosphère qui m'a touchée. Et m'a tout de suite évoquer "Bord de mer" de Véronique Olmi. Crois-moi c'est un compliment ;-)
dansmonsacdefille
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