la blessure, la vraie.
Aujourd'hui dans mon sac il y a...
Eté 86. Saint-Michel-en-l'Herm, Vendée. Début des vacances. Notre narrateur , 15 ans et des poussières, arrive de Nantes dans la R19 familiale, comme tous les ans. Sauf que cette année il a 15 ans.
A la Faute-sur-Mer on n'imagine pas qu'un jour les plages et le reste seront dévastés. Les filles portent des sweats fluos, les garçons des montres Seiko à quartz. A la télé il y a encore des speakerines, à Wimbledon Becker affronte Lendl. Les radios diffusent les tubes du top 50. Dans les cafés on boit du fruité, des panachés ou des Monaco. Selon l'âge que l'on a, l'air que l'on veut se donner.
Tout le monde se retrouve mais c'est un peu chacun pour soi. Les garçons cherchent les filles qui cherchent les garçons ou les laissent chercher sans trop savoir comment s'y prendre.
François, le narrateur, est du genre premier de la classe mais ça n'aide pas tant que ça avec les filles.
Il se donne des airs macho pour cacher qu'il est sentimental au fond, il blague, il ironise pour ne pas montrer qu'il a la trouille d'aller voir ce qui se passe sous les jupes des filles alors qu'en fait, comme tous les autres, il ne pense qu'à ça et aimerait bien, avant la fin de l'été, avoir résolu ce mystère et en connaître les moindres détails.
Il y a la bande de copains, les histoires de village, un bal du 14 juillet, des auto-tamponeuses, des méduses, des filles qui vont droit au but et d'autres qui jouent le mystère. C'est l'adolescence, le "rire masculin", les maladresses, les questions sans fin, un moment arrêté d'une vie d'adulte qui se dessine encore à peine. Avec, parfois un coup de coeur.
C'est l'histoire d'en été dans une vie adolescente, mais d'un été que l'on garde pour toute la vie, juste à la vraie fin de l'enfance.
Comme c'est écrit du point de vue d'un garçon , on aime ou pas. J'ai aimé. Je l'ai trouvé attachant ce nantais maladroit, son regard sur les filles et le monde, son tennis et ses alexandrins.
Comme c'est daté, on y sera plus ou moins sensible. Je l'ai été. L'été 86 fut aussi celui de mes 15 ans.
Un été de fille et bien différent de celui-ci mais nos références sont les mêmes. Il a parlé à ma nostalgie. Mon point faible.
C'est un style particulier. Incisif, ironique parfois, drôle mais qui cache sous des airs de fausse légèreté un regard aiguisé sur la petite société rurale, et le monde en général. J'ai aimé aussi.
Et ces petites touches qui mettent en perspective le fil de la vie des personnages, et de la vie tout court. Des bonds en avant, distillés discrètement, qui nous disent que dans 10, 20, 30 ans chacun en sera ici où là et posent sur l'été une sorte de gravité.
Je garde juste une petite réserve sur un épisode des dernières pages qui m'a paru outré, peu crédible et décalé, mais c'est son choix, on a le droit d'inventer les souvenirs que l'on veut à son personnage.
merci Antigone qui m'a fait voyager dans le temps!!